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Source : http://www.lexpressmada.com/Nouvel Eldorado
La folle ruée vers l'or à Mangatany
Depuis quelques semaines, le village de Mangatany Fenoarivobe fait l'objet d'une ruée. Un gisement d'or draine les habitants des communes environnantes. D'autres viennent même de très loin. En quelques temps, le village s'est transformé. Des champignons, des tentes de fortune sont apparus. La folie de l'or est irrésistible.
Ils sont des dizaines de milliers à envahir le flanc de la colline d’Ankaraoka, dans le fokontany de Mangatany, commune de Firavahana du district de Fenoarivobe dans la région du Bongolava, situé, seulement à une centaine de kilomètres d’Antananarivo. Douze mille pour les uns, quarante mille pour les autres.
Ces chiffres restent encore difficiles à vérifier vu l’absence de recensement fiable. Jusqu’ici, les autorités locales restent incapables d’établir une statistique exacte des migrants, et encore moins d'effectuer un contrôle strict pour plusieurs raisons.
Ce qui est sûr c'est qu'aucun exploitant ne dispose d'une autorisation en bonne et due forme. Aucun ne parle de délimitation officielle des périmètres.
Les membres de cette «communauté» très cosmopolite ont une chose en commun et qu’ils partagent tous les jours: la même souffrance. Ils dorment tous dans des huttes faites de chaumes que le moindre vent peut emporter ou, à la rigueur, des cases faites en rabane. Les seuls abris qui méritent cette appellation sont des toiles de tente appartenant à des «patrons». Et tout le monde se plaint aussi du problème d’accès à l’eau potable, et d’autres services de base. Seulement, ils ne savent pas à quel saint se vouer.
« J’ai appris la nouvelle par le biais des mass-médias. C’est pourquoi j’ai décidé de quitter Toliara, ma ville natale, pour migrer ici dans l’espoir d’une vie meilleure», nous a confié Jean Tahindrainy, exploitant à Firavahana. Ayant vécu dans la zone d’exploitation de saphir d’Ilakaka, pendant onze ans, il s’est déployé dans l’Eldorado, en mi-juin, en compagnie de ses «associés».
Manque d’infrastructures
Comme ses pairs, il se plaint des difficultés vécues par les nouveaux habitants d’Ankaraoka. «Je suis un habitué des carrières, mais la situation est totalement différente à Mangatany. L’accès aux services de base, entre autres l’eau potable, et surtout le froid est décourageant», dit-il.
Rahery, un quinquagénaire originaire d’Antanifotsy dans la région du Vakinankaratra, qui exerce le métier depuis 18 ans n’a pas su cacher sa désolation face aux conditions de vie dans les carrières, tout en gardant l’espoir de rentrer avec les poches bien garnies. «La qualité de l’eau, le manque d’infrastructures adéquates,… bref, la pollution en général sont les problèmes cruciaux que tout le monde redoute dans ce coin perdu. La seule raison qui me retient ici c’est la recherche d’argent que j’ai toujours eu du mal à trouver dans mon village», avance Rahery.
Installé dans la partie sud d’Ankaraoka, plus précisément dans la zone d’extension des carrières, Rahery et les trois membres de son équipe doivent supporter l’odeur des excréments éparpillés partout, excepté sur les périmètres d’exploitation. Nul n’est là pour faire respecter l’hygiène et l’ordre.
Stephane Solofonandrasana
Date : 05-07-2010