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" Mignonne, allons voir si l'arthrose
Qui ce matin tant m'ankylose
Depuis qu'a sonné mon réveil
Pour clore une nuit de sommeil
Aura perdu de sa vigueur
Après un footing d'un quart d’heure.
Las ! Voyez comme sont les choses,
Il faudrait que je me repose.
Mes maux, loin de se calmer
Las, las, ne cessent d'empirer.
Ô vraiment, marâtre nature
Avec l'âge la douleur perdure !
Donc, si vous m'en croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronné
En sa plus verte nouveauté
Avant que ne ternisse votre beauté,
Pour assouvir toutes envies
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie ! "
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Pierre de RONSARD (1524-1585)
( Version originale )
" Mignonne, allons voir si la rose
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au votre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
" Odes ", I, 17
Ronsard (1524, Vendômois), XVIème