SOURCE : http://www.indian-ocean-times.com
Madagascar : Recrudescence de la prostitution pour fuir la pauvreté
le Jeudi 8 Novembre 2012
Les prostituées de la ville côtière de Tamatave, sur la côte Est de Madagascar, qui vendent leur corps pour une poignée d’ariary, sont de plus en nombreuses à arpenter le trottoir à la recherche de clients.
En 1993, elles étaient 17.000, en 2012 elles seraient 29.000 prostituées, soit une femme sur sept. Pour rappel, plus des trois quarts de la population malgache vivent avec moins d’un dollar par jour (0,78 euro).
La proximité des mines de cobalt et de fer à Ambatovy, où travaillent plusieurs milliers d’ouvriers étrangers, a fait exploser l’industrie du sexe dans la région de Tamatave. "La prostitution est devenue un phénomène normal à Madagascar. Le sexe est désormais un produit, un moyen de survivre", a déclaré un responsable des programmes jeunesse du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) à Madagascar, au site irinnews.org.
Dans le Nord-Ouest de Madagascar, à Antsohihy, le schéma se répète. Dès 2006 avec la réouverture de la route nationale vers Tananarive, la prostitution envahit là encore la ville et débarque avec de jeunes prostituées parfois mineures, en quête d’une vie meilleure.
"Je n’ai pas peur des policiers. Ce sont aussi mes clients"
Du haut de ses 15 ans, Nadine gagne 15 dollars (12 euros) par client et personne ne semble s’étonner de sa présence. "Je n’ai pas peur des policiers. Ce sont aussi mes clients", confie-t-elle au site d'information.
Face à la recrudescence du phénomène, les pouvoirs locaux à Antsohihy ont mis en place un système de cartes d’enregistrement pour les plus de 18 ans monnayant leurs services sexuels, pour les aider notamment à se soigner.
Un document officiel qui n’a pas fonctionné à Tamatave. Le "précieux sésame" avait pourtant été conçu, non pas comme un permis de travail, mais pour permettre l’accès de cette population fragilisée à certains soins médicaux.
"Les policiers utilisaient le système pour abuser de leur pouvoir sur les travailleurs du sexe. S’ils trouvaient une prostituée qui n’avait pas sa carte d’identité, ils l’amenaient au commissariat et la maltraitaient. Nous avons donc remplacé les cartes officielles par des livres rouges non officiels", souligne une responsable d’une association locale, œuvrant au quotidien aux côtés des prostituées.
Les ONG locales ne baissent pourtant pas les bras et font un gros travail pédagogique pour la promotion de l’usage du préservatif dans les lieux fréquentés par les péripatéticiennes.