SOURCE : www.lexpressmada.com
Samedi 18 mai 2013
La France et l’UE suspendent leur financement
Un message politique fort est émis par la France et l’UE avec la suspension du financement électoral. Une sanction immédiate suite à la décision du CPS.
Un début de représailles. La France et l’Union européenne (UE) sont les premières à avoir réagi en conséquence au communiqué du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), publié le 17 mai. L’Hexagone et l’Europe ont, ainsi, décidé de suspendre leur apport financier au Programme d’appui au cycle électoral à Madagascar (Pacem).
« J’ai reçu des appels téléphoniques de la part des représentants de l’UE et de la France, pour me signifier qu’ils suspendent leur financement des élections », a déclaré Béatrice Atallah, présidente de la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (CENIT), en marge de la présentation officielle du bulletin unique, à Alarobia, hier. À noter que l’UE contribue à hauteur de 17 millions de dollars au Pacem.
Au-delà des chiffres, la réaction de ces deux poids lourds de la communauté internationale a un message politique fort. Par cet acte, la France et l’UE entérinent la décision du CPS de l’UA qui a demandé à Andry Rajoelina, président de la Transition, Didier Ratsiraka, ex-Président, et Lalao Ravalomanana, ancienne Première dame de « renoncer à leur candidature respective à l’élection présidentielle». Elles réaffirment leur soutien à l’UA et, par conséquent, à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans la médiation du processus de sortie de crise malgache.
Le CPS, dans un communiqué diffusé hier, a affirmé qu’il « ne reconnaîtra pas les autorités malgaches qui seraient élues en violation des décisions de l’UA et de la SADC ». Catherine Ashton, Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, avait déclaré le 15 mai que, « l’UE sera attentive aux conclusions de la réunion prochaine du CPS de l’UA ».
Plaidoyer pour l’élection
Elle a par ailleurs ajouté qu’ « en étroite relation avec ses partenaires africains, l’UE tiendra compte des conditions de préparation des prochaines élections pour déterminer le soutien à apporter à leur organisation ».
Le reste de la communauté internationale, qui a pris part ou a fait une promesse de prendre part au Pacem, pourrait emboîter le pas à la France et à l’Union européenne. « Nous dépendons des financements des bailleurs dans le processus électoral. S’ils se retirent, nous nous retirons aussi », a lancé Fatma Samoura, représentante résidente du Système des Nations unies à Madagascar.
« L’État est en mesure de payer le reste des fonds à allouer aux préparatifs électoraux », a indiqué certaines indiscrétions. Un forcing de la part de l’État pourrait, cependant, affecter la neutralité et la crédibilité des élections, ce qui déteindrait sur les résultats. La reconnaissance internationale tant recherchée depuis le début de la Transition en serait, ainsi, mise en péril.
Béatrice Atallah déplore le fait que « la communauté internationale ait attendu que nous soyons dans la dernière ligne droite des préparatifs électoraux pour prendre cette décision et ces mesures ». La présidente de la CENIT n’a pas caché son inquiétude sur la suite du processus électoral.
Kolorindra Garry Fabrice Ranaivoson