Rajoelina brouille les cartes

Source : www.lexpressmada.com
Rajoelina brouille les cartes
Le Président de la Transition reste évasif sur son avenir politique. Il affiche pour l’instant une volonté de rester à la tête de l’État.
J’y suis, j’y reste. Malgré la pression grandissante de la communauté internationale sur le retrait de sa candidature ainsi que ceux de Lalao Ravalomanana, ancienne première dame et Didier Ratsiraka, ancien chef d’État, et à l’approche de la date de sa démission en cas de maintien de sa candidature (le 26 mai au plus tard), Andry Rajoelina, président de la Transition, affiche une indifférence déconcertante.
Samedi, l’Homme fort de la Transition était à Nosy Be pour inaugurer la fin des travaux d’extension de l’aéroport internationale de Fascène. Pour cette première sortie officielle du Chef de l’État après les récents événements qui ont chamboulé l’arène politique, l’opinion attendait une réaction de sa part. Le locataire d’Ambohitsirohitra a cependant évité toute allusion aux faits qui perturbent actuellement le processus électoral.
Dans son discours aux habitants de Nosy Be, le président Rajoelina a tenu des propos empreints de promesses. Il a entres autres promis l’installation d’une brigade de sapeurs pompiers dans l’Île aux parfums « dans les plus brefs délais ». « Nous allons donner une envergure internationale à la prochaine édition [en 2014] du Donia », a-t-il ensuite ajouté, en martelant que « j’ai toujours réalisé les projets que j’ai engagés ».
Les propos habillés de sous-entendus de Andry Rajoelina pourraient laisser entendre qu’il n’a pas l’intention de lâcher de si tôt la présidence de la Transition. Les projets que le locataire d’Ambohi­tsirohitra s’est engagé à réaliser à Nosy Be, court en effet jusqu’en 2014. Si l’on se réfère à l’article 166 de la Constitution et le point 14 de la Feuille de route, en tant que candidat à la présidentielle, l’actuel Chef d’État devra pourtant quitter son poste au plus tard le 26 mai.
Probable revirement
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a déclaré qu’il ne reconnaîtra pas les résultats des élections, en cas de maintien des candidatures du président de la Transition, de l’épouse de Marc Ravalomanana et de Didier Ratsiraka. Béatrice Atallah, présidente de la Commission électorale nationale indépendante pour la Transition (CENI-T), le 17 mai a laissé 48 heures aux politiciens pour donner des précisions sur le nombre de candidats, avant l’envoi de la maquette du bulletin unique à la centrale d’achat des Nations Unies à Copenhague, prévu normalement pour hier, si « l’on veut respecter la date du 24 juillet ».
À l’heure actuelle, aucune des trois personnalités concernées par la requête de la CPS et indirectement par celle de la présidente de la CENI-T, n’a réagi sur le sujet. Le comportement de Andry Rajoelina, à Nosy Be, laisse entrevoir qu’un nouveau revirement de la conjoncture politique pourrait être en vu dans les prochains jours. Le retrait de la candidature du Président de la Transition reste improbable pour l’instant, vu que jusqu’alors, la décision de la Cour électorale spéciale (CES) sur la liste des 41 candidats reste irrévocable.
Reste ainsi l’éventualité d’un nouveau report des élections, qui éviterait ainsi, la démission prochaine du locataire de la Transition et par la même occasion, la rallonge de son mandat transitoire.
Kolorindra Garry Fabrice Ranaivoson
Mardi 21 mai 2013