Article paru dans " madagascar tribune " du 1 septembre 2007
:: Bois précieux
Vente aux enchères par appel d’offres, une première
Sans état d’âme ! Quiconque est en possession de bois précieux ou semi-précieux, tels le bois de rose, l’ébène, le palissandre, le santal, s’est vu ses biens saisis par les autorités. Conformément aux instructions des décisions prises en Conseil des ministres, le 28 août 2007, le ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts va bientôt procéder à la vente aux enchères par adjudication publique de ces quantités de bois saisies dans toute l’île.
Le directeur de Cabinet du ministère, Vy Vato Rakotovao, ainsi que le directeur général, Guy Laurent Rakotondranony, ont expliqué qu’une certaine gabegie s’est installée au sein du métier. Et également, un certain laxisme dans les contrôles.
Les cyclones mis en cause
Les cyclones, à deux reprises, ont laissé place à une désolation, coupant les arbres dans plusieurs lieux. Le ministère avait décidé qu’il fallait enlever les troncs d’arbres « Malheureusement, les exploitants autorisés ont sauté sur l’occasion pour exploiter à leur tour, faisant toujours croire qu’il s’agissait des actions des cyclones ». D’autre part, plusieurs exploitants, petits et grands, transportent des bois sans autorisation, illégalement, ou encore avec de faux papiers. Comme de fausses déclarations à la Douane. En tout cas, la vente aux enchères ne touche que les bois précieux ou semi-précieux.
Appliquer la loi en vigueur
Seuls les bois transformés en produits finis peuvent être exportés. Les quantités saisies jusqu’ici se présentent encore en grume à 90%. Parqués dans un lieu sûr dans la capitale, les bois qui feront l’objet de vente aux enchères sont de 1 à 2,5 m en ce qui concerne les bois de rose. L’ébène, de 1 à 1,5 m. Le palissandre est camouflé sous une autre couche de bois.
Un morceau de 2,5 m peut peser de 75 kg à 600kg. C’est dire le « poids » de ces produits qui n’ont pu passer nos ports. Sans aller jusqu’à préciser la quantité ou la valeur des bois déjà saisis, les deux personnalités ont toutefois souligné que des camions et des bateaux continuent toujours d’affluer, portant ces produits « interdits ». Cette semaine, un bateau vient d’accoster avec des quantités inestimables en son flanc. Hier, 11 camions viennent d’arriver dans la capitale avec rien que du palissandre. Si l’année dernière, le cours de nos bois - endémiques, de surcroît - était de 6.000 euros la tonne, cette année, elle monterait jusqu’à 10.000 euros la tonne. Tout un marché. À ne pas exploiter, s’il vous plaît !
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Origine de ces bois précieux : presque toutes les régions
L’opération de saisie et de vente aux enchères des bois précieux ou semi-précieux touche tout Madagascar. Le directeur de Cabinet et le directeur général du ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts ont expliqué, durant un point de presse, hier, que certains des bois saisis jusqu’ici ont été trouvés dans des lieux inconcevables mais... imaginables des auteurs. En mer, sous la plage, sous des ordures, dans des excavations, enfouis dans la rizière. Les responsables du ministère, dont le ministre en personne, ont fait l’objet de menaces de mort anonymes. Le site de rétention des bois saisis a déjà subi des intentions d’incendie. L’affaire se trouve en instruction actuellement, et une dizaine de personnes arrêtées. Les forêts de la côte Est regorge de bois précieux, étant tout simplement des forêts naturelles, à savoir celles de la SAVA, d’Analanjirofo et de l’Anosy. Le bois d’ébène provient de l’Anosy et de la SAVA. Le palissandre de l’Est, d’Analanjirofo, du Boina, du Betsiboka et quelques-uns de Vatovavy Fitovinany. Le bois de rose pousse naturellement à Vohémar, Antalaha, Cap Masoala, Maroantsetra, Fenoarivo Atsinanana, jusqu’à Vangaindrano et Manantenina. Quant au santal, il vient surtout du Menabe. L’assainissement du métier touche en fait tout Madagascar. Les mesures prises sont inscrites dans le Madagascar Action Plan : « réduire le processus de dégradation des ressources naturelles », et « renforcer l’efficacité de l’administration forestière ».
Volana R.