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Source : http://www.laverite.mg/ du 8 octobre
Situation sociale dramatique
Dans notre édition d’hier, nous avons établi la situation alarmante qui prévaut actuellement sur le plan économique, suite à la crise politique. Ce jour, nous vous livrons également le volet social de cette dégringolade.
Une crise dans la crise qui a contraint le Président Rajoelina à décider de s’atteler à la résolution de ce litige politique, par l’application de la Charte de la Transition devant amener la communauté internationale à débloquer de nouveau leurs différents financements.
Sur le plan de la santé, les impacts de la crise politique se traduisent actuellement par, tout au moins, cinq points majeurs : diminution de financements ; diminution de l’offre et de la demande des services ; risque d’augmentation des maladies transmissibles et infectieuses ; défaillance du système de suivi – évaluation et de collecte de données ainsi que risque de dégradation de l’environnement et du niveau d’hygiène de la population. Lorsque l’on considère que le secteur est financé à plus de 41% par l’aide extérieure, la crainte est grande qu’un arrêt de cette aide va aggraver la situation sanitaire du pays d’une façon générale. Plus particulièrement, pour cette année, les 9/10 des financements de quelques besoins nationaux prioritaires en matière de lutte contre le Sida viennent des partenaires techniques et financiers internationaux. La suspension desdits financements risque d’engendrer des impacts incommensurables sur le plan institutionnel et social : rupture de stock d’Antirétroviraux et de réactifs de dépistage du Vih ; déficit de prise en charge psychosociale des personnes vivant avec le Vih ; suspension des programmes de montée à échelle de la prise en charge globale ; suspension de la restructuration du Cnls/Secnls et des instances de coordination régionale et locale ; suspension de la mise en œuvre des plans régionaux intégrés ainsi que rupture des contrats de certains personnels du niveau central et régional, y compris ceux des experts en poste à l’Onusida.
Compromettre l’atteinte des Omd
En matière d’éducation, le déclenchement de la crise politique a bloqué le décaissement des 29 millions de dollars, prévus au titre du « Fats track initiative », administré par la Banque mondiale. Idem pour les financements de 5,67 millions de dollars devant émaner de la Norvège. Et, avec la coupe de 20% du budget de l’éducation, étant entendu que les 80% restants ne pourraient être entièrement disponibles, environ 32 000 enseignants communautaires ne seront pas payés. Par ailleurs, étant donné que la dotation aux caisses écoles n’est pas garantie, beaucoup d’écoles ont déjà augmenté les frais d’inscription des élèves. Ce qui veut tout simplement dire qu’une diminution du taux de scolarisation, ainsi qu’une augmentation du taux d’abandon, seront incontournables. Ce qui va ainsi compromettre l’atteinte des Omd (Objectifs du millénaire pour le développement). Par ailleurs, avant la crise, la situation nutritionnelle dans le pays a déjà été fragile avec 42% des enfants, de moins de 5 ans, souffrant d’insuffisance pondérale et 48% de retard de croissance. La sécheresse dans le Sud, enregistrée en avril dernier, a également vu le taux de malnutrition aiguë globale atteindre un niveau important de 14,5% dans la Région d’Anosy et de 10,9% dans celle de l’Androy. Ainsi, si la récolte de 2010 est aussi mauvaise, cette situation nutritionnelle risque d’être encore une fois compromise et d’atteindre des niveaux critiques. D’ailleurs, compte tenu de l’arrêt des financements de la Banque mondiale, le « Programme national de nutrition communautaire » est également compromis. Bref, plus d’un million d’enfants, de moins de 5 ans, risquent de ne pas voir leur croissance et développement suivis régulièrement.
Insécurité alimentaire criarde
En outre, la situation d’insécurité alimentaire, d’au moins un demi - million de personnes en milieu urbain, risque de s’amplifier lors de la prochaine période de soudure. Et la situation serait d’autant plus délicate dans les prochains mois pour les groupes les plus vulnérables, si les perturbations, dans la mise en œuvre des programmes de filet de sécurité sociaux, spécifiquement ceux de l’Office national de la nutrition (Onn), du Fonds d’intervention pour le développement (Fid) et du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (Bngrc), persistaient pour des raisons de problèmes de passation de déblocage de financements. Quant en milieu rural, 32% des ménages sont déjà en situation d’insécurité alimentaire criarde. Pour ce qui en est des 47% seulement de la population ayant accès à une source d’eau potable et 12% utilisant des infrastructures d’assainissement adéquates, Madagascar est déjà classé, en 2008, parmi les pays à la traîne dans l’atteinte des Omd relatifs à l’eau et à l’assainissement. Avec cette crise politique, il est maintenant établi que les objectifs, définis pour cette année, ne seront pas atteints et des impacts négatifs seront enregistrés aux niveaux institutionnel et financier, ainsi que sur la mise en œuvre des projets et autres programmes dont les financements sont acquis ou en cours de négociations.
Bref, sans qu’il n’ait besoin de recourir au service des experts, tous ces tableaux noirs dévoilent une image catastrophique de la vie sociale dans le pays, suite à cette crise politique. Laquelle, consécutivement à la grande décision prise par Andry Rajoelina sur l’alignement aux termes de la Charte de la Transition, pourrait néanmoins être solutionnée, d’ici peu.
Recueillis par Rolly M.