Source : http://www.lexpress.fr/Madagascar sanctionné par l'Union africaine
Par Philippe Lesaffre, publié le 16/03/2010 à 17:00 - mis à jour le 18/03/2010 à 12:09L'Union africaine a sanctionné, ce mercredi, des membres de la Haute Autorité de transition malgache d'Andry Rajoelina. Motif: l'ancien maire de la capitale, Antananarivo, arrivé au pouvoir voilà un an au prix d'un coup de force, refuse de se soumettre aux exigences du Conseil de la paix et de la sécurité de l'organisation africaine.
Le président en exercice de Madagascar, Andry Rajoelina n'avait plus que quelques heures devant lui, ce mercredi matin. La semaine dernière, le commissaire pour la paix et la sécurité de l'Union africaine (UA), Ramdane Lamamra lui avait fixé un ultimatum qui expirait mardi soir à minuit. En cause, le non-respect du chef de l'Etat des accords de Maputo, signés en août 2009 avec ses trois prédécesseurs – Didier Ratsiraka, Albert Zafy et Marc Ravalomanana, chassé du pouvoir il y a un an par l'armée en mars 2009, alliée à Andry Rajoelina -, qui prévoit un partage du pouvoir entre les quatre mouvances politiques.
Le gouvernement d'union nationale n'a toujours pas vu le jour. D'où l'idée de sanctions ciblées. Ramtane Lamamra veut punir Andry Rajoelina, son Premier ministre, Camille Vital et d'autres membres du gouvernement en leur interdisant de voyager à l'étranger. Le commissaire évoque également des gels d'avoirs financiers et une éventuelle interdiction d'assister aux activités d'organisations internationales non africaines, comme les rendez-vous onusiens. Le Conseil de la paix et de la sécurité (CPS) de l'UA se réunit ce merdredi 17 mars pour valider la liste des sanctionnés (voir l'encadré).
Quelles sanctions pour qui?La liste de l'Union africaine comprend 109 noms, y compris celui d'Andry Rajoelina et de personnalités clé de son régime. "Cela ne cible que le camp de Rajoelina. Principalement le gouvernement, les hautes autorités, des membres des forces armées, des tribunaux (...)", a précisé le commissaire de l'UA, ajoutant que des sociétés pourraient bientôt faire également l'objet de sanctions. "Les sanctions comprennent des refus de visas (interdiction de voyager), le gel d'avoirs financiers dans des établissements bancaires étrangers et des refus d'accréditation".Les sanctions sont-elles suffisamment contraignantes? Elles ne visent que quelques personnes De même, l'Union africaine ne demande pas aux voisins africains de Madagascar de rompre leurs relations diplomatiques avec la Grande île. Et il n'est pas certain que l'ONU et l'Union européenne –la Norvège et la France n'ont pas bloqué l'aide humanitaire qu'ils apportent à l'Etat malgache après le coup d'Etat, survenue en mars 2009-suivent le mouvement. En revanche, l'économie malgache pourrait en pâtir. La suspension de Madagascar des instances de l'Union africaine et par conséquent des programmes d'aide au développement ont affecté le pays.
Organiser des élections législatives, coûte que coûte Des sanctions, Andry Rajoelina n'en a toutefois cure. Selon lui, "Madagascar appartient aux Malgaches". "Il leur revient de décider de leur avenir", a t-il ajouté, après une tournée en Europe, à la fin du mois de février, visant à expliquer ses choix. Le président malgache tient à organiser des élections législatives anticipées d'ici le mois de mai pour mettre en place une Assemblée constituante. Il prône aussi l'instauration d'une Commission électorale nationale indépendante en vue de superviser chaque scrutin à l'avenir.
Pour préparer cette élection, le chef de l'Etat a initié le 4 et 5 mars dernier un atelier de concertation. A cette occasion, il a invité 1800 personnes pour établir une feuille de route. L'ensemble des partis politiques et certaines associations de la société civile étaient attendus, mais de nombreuses personnalités ont boycotté ce rendez-vous, comme l'ancien Premier ministre d'Andry Rajoelina, Monja Roindefo et l'ex-président, Marc Ravalomanana.
Les trois anciens chefs d'Etat, Didier Ratsiraka (1975-1993 et 1996-2001), Albert Zafy (1993-1996) et Marc Ravalomanana (2002-2009) devaient se retrouver entre le 8 et le 10 mars à Addis-Abeba (Ethiopie), siège de l'Union africaine, avec Rajoelina afin d'évoquer la transition. Mais le gouvernement n'y a envoyé qu'une délégation, conduite par le Premier ministre, Camille Vital. Une provocation qui a déclenché à l'ire des instances de l'Union africaine
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