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 France : Notre position n'est pas ambigüe.

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carmelo
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carmelo


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France : Notre position n'est pas ambigüe. Empty
MessageSujet: France : Notre position n'est pas ambigüe.   France : Notre position n'est pas ambigüe. Icon_minitimeVen 16 Avr - 16:33

Source : http://www.sobika.com/

15/04/10 : Interview de Mr L'Ambassadeur de France à Madagascar, Jean Marc Chataigner



Bonjour Mr l'Ambassadeur et merci d'avoir accepté de nous accorder cet entretien. Tout d'abord, où en est-on de la politique de coopération entre Madagascar et la France aujourd'hui ?



Jean Marc Chataigner :La politique française de coopération s'inscrit dans le cadre internationalement agréé à New York en 2000 de la déclaration du Millénaire et des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Les grandes orientations et priorités de notre coopération bilatérale avec Madagascar ont fait l'objet d'un document cadre de partenariat (DCP) signé en 2006 avec le Gouvernement malgache. Nous avons plusieurs secteurs de concentration de nos efforts comme l'éducation de base, la santé, le développement rural, les infrastructures urbaines et portuaires, l'environnement et le développement du système financier et des entreprises. Nous intervenons également dans les domaines de l'appui à la gouvernance démocratique et de l'enseignement universitaire et de la recherche.

Contrairement à d'autres bailleurs de fonds, nous n'avons pas décidé de suspendre notre aide. En effet, celle-ci est concentrée dans les secteurs sociaux et vise à répondre aux besoins les plus élémentaires de la population malgache. Cependant, les détournements budgétaires constatés à la fin de l'année 2008 par le Fonds Monétaire International et les événements survenus au début de l'année 2009 nous ont conduits à réviser en profondeur nos modalités d'intervention. Nous avons ainsi interrompu toute aide financière directe au budget de l'Etat malgache. Nous avons accru la part de notre aide transitant désormais par la société civile, le secteur privé, les ONG malgaches et internationales, également des organisations internationales comme le PAM ou l'UNICEF. Conformément aux recommandations du Groupe International de Contact, nous avons aussi augmenté notre aide humanitaire pour faire face notamment aux conséquences de la crise sur le plan alimentaire ou encore aux effets dévastateurs du cyclone Hubert.

Je voudrais souligner à ce stade qu'un retour à une « coopération normale » pour déterminer un cadre conjoint d'action et actualiser les priorités du DCP de 2006 ne pourra se faire que lorsque la situation institutionnelle le permettra, c'est à dire lorsque nous aurons des autorités démocratiquement élues habilitées à négocier au nom de la population.




Justement, face à cette problèmatique actuelle, quelle(s) solution(s) à la crise préconisez-vous ?


J.M.C. : La France souhaite pour Madagascar un retour le plus rapide possible à l'ordre constitutionnel démocratique dans l'esprit de réconciliation de Maputo. L'organisation d'élections dès que les conditions minimum requises seront remplies nous semble la meilleure solution. La crise n'a que trop duré. Le peuple n'a que trop souffert. Quelles sont ces conditions minimum ? J'en vois trois : la mise en place d'un Gouvernement consensuel et inclusif chargé de gérer les affaires courantes ; l'établissement d'une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) elle-aussi consensuelle et agréée par l'ensemble des parties concernées ; la mise en place de l'accord d'amnistie tel que prévu par les accords de Maputo et d'Addis Abeba . Si ces trois conditions sont bien remplies, je suis convaincu que la reconnaissance et l'appui de la communauté internationale seront au rendez-vous.

Mais ces élections ne sont pas une fin en soi. Au contraire, elles doivent être une étape du renouveau et ouvrir une nouvelle période. Car c'est à partir de cette étape que la nécessaire réconciliation nationale devra être engagée. Cette réconciliation sera une occasion unique de mettre un terme à la spirale infernale des crises malgaches. Les leçons devront être tirées par tous et pour tous



"Ce qui est très grave, inacceptable, c'est quand des politiciens, des journalistes, des intellectuels commencent à faire des amalgames pour appeler à la violence individuelle et à menacer des ressortissants français rendus coupables, dans une logique spécieuse de bouc-émissaire, de tout ce qui arrive"



Il y a eu peu d'infos à ce sujet : quel était l'objet de la visite de M. Joyandet, Secrétaire d'Etat à la Coopération et la Francophonie , à Tananarive le 31 mars dernier ?



J.M.C. : L'objectif de cette mission de M.Joyandet était, en appui aux efforts conduits par l'Union Africaine et notamment le médiateur Joachim Chissano, de travailler au rapprochement des positions entre les différents acteurs de la crise afin d'aider à la recherche d'une solution de sortie de crise aussi consensuelle que possible



Comment analysez-vous le discours tenu par certains sur le rôle supposé « ambigu » de la France ?


J.M.C. :

Notre position n'est pas ambiguë. Elle n'est ambiguë que pour ceux qui ne font pas l'effort de comprendre la globalité et l'objectif de notre position. Nous ne sommes pas engagés, comme je peux le lire parfois, derrière telle ou telle partie. Nous sommes favorables à toute solution qui permette de sortir rapidement Madagascar de la crise avec la mise en place d'un ordre constitutionnel démocratique dans lequel tous les Malgaches pourront se reconnaître. Les contacts que nous avons avec de multiples interlocuteurs sont encourageants, l'objectif étant de permettre à toutes les parties prenantes à la crise de réconcilier leur vision de l'avenir.

Par ailleurs, si vous me permettez, je lis beaucoup de choses fausses et d'interprétations erronées sur des intérêts occultes que pourrait avoir la France à Madagascar. Je serai franc avec vous. Nous avons un seul intérêt pour Madagascar : celui de sa stabilité dans un cadre démocratique qui permette le décollage économique du pays. Pourquoi ? En premier lieu parce que nous avons une importante communauté française et franco-malgache à Madagascar et une plus encore importante communauté malgache et malgacho-française en France. Nous devons tout faire pour préserver cette extraordinaire relation humaine et faire en sorte qu'elle puisse encore se développer au bénéfice de nos deux pays. Ensuite, parce qu'à travers la Réunion et Mayotte, nous sommes des pays voisins, nous appartenons au même espace régional, la Commission de l'Océan Indien (COI), et nous devons faire face à des menaces similaires, des dangers naturels comme les cyclones ou des agressions humaines comme la piraterie maritime en provenance de Somalie. Enfin, parce que Madagascar est un pays dans lequel nous croyons, qui bénéficie d'un certain nombre de cartes pour devenir un des acteurs politiques et économiques majeurs de la région et du monde de demain. Les ressources naturelles sont là. De réelles capacités humaines existent qui, mises au service d'un projet commun, pourraient vraiment changer les choses. Votre pays a enfin un positionnement stratégique unique entre l'Afrique et l'Asie

.




Est-ce que vous ne craignez pas que la situation actuelle ne favorise la multiplication d'actes xénophobes, notamment à l'encontre des intérêts français ?



J.M.C. : La montée de l'insécurité qui affecte tout le monde et, au premier chef les Malgaches, est effectivement préoccupante. Je pense que le rétablissement de l'ordre, le renforcement et l'assainissement du système judiciaire, la mise en place d'un véritable Etat de droit devront être des points prioritaires à aborder courageusement par l'Assemblée constituante dans le cadre institutionnel de la IVème république. Ce sont des conditions indispensables à l'investissement étranger, à la reprise de la croissance économique et donc à la lutte contre la pauvreté. Concernant spécifiquement les intérêts français, je ne peux que regretter que certaines personnalités, pourtant bien éduquées et souvent d'ailleurs binationales, se livrent à des exercices de démagogie et entretiennent délibérément des discours de haine. Je conçois tout à fait qu'on ne soit pas d'accord avec la politique étrangère française, tout comme on peut ne pas être d'accord avec les politiques étrangères des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine ou de tout pays dans le monde. Ce qui est très grave, inacceptable, c'est quand des politiciens, des journalistes, des intellectuels commencent à faire des amalgames pour appeler à la violence individuelle et à menacer des ressortissants français rendus coupables, dans une logique spécieuse de bouc-émissaire, de tout ce qui arrive. Fort heureusement, je crois que le peuple malgache est sage et ne se laisse pas si facilement manipuler. Les actes xénophobes restent très rares et font l'objet de poursuites pénales. Mais je dis à ces gens de faire attention, car ils ont une responsabilité grave et importante dans cette situation délicate et fragile pour éviter d'éventuels débordements. Les pyromanes sont souvent les premières victimes des feux qu'ils allument…



"Je crois profondément dans Madagascar mais je crois aussi que Madagascar doit croire en elle-même !"


Après une année passée sur la Grande île, quelle est votre appréciation de Madagascar ?



J.M.C.: Madagascar est un pays formidablement attachant. Les Malgaches sont des gens d'une très grande richesse humaine et intellectuelle. Fréquentant depuis un an par la force des choses beaucoup de responsables politiques et des milieux économiques, je m'y suis fait, je crois, de nombreux amis, de tous milieux, de tous horizons, de toutes mouvances. Nous ne sommes pas forcément d'accord sur tout, loin de là. Mais ils savent que je les respecte, que je les estime très profondément et que je leurs dis toujours ce que je pense. Je sais que ces amitiés dureront bien après mon passage en tant qu'Ambassadeur de France à Madagascar. Maintenant, je vous dirais aussi, vivement que cette crise politique finisse, que la stabilité démocratique s'enracine à Madagascar, car il y a tant de choses sérieuses auxquelles nous devons encore nous attaquer, des choses qui m'affectent personnellement, comme tous ces enfants qui ne vont pas à l'école et qui souffrent de la faim, cette pauvreté urbaine qui gangrène l'espoir et qui fait éclater les systèmes traditionnels de solidarité, cet accroissement des inégalités sociales qui favorise les égoïsmes et la corruption la plus cupide, cette persistance d'endémies d'un autre âge comme la peste, la lèpre ou la tuberculose… Je crois profondément dans Madagascar mais je suis aussi convaincu que Madagascar doit croire en elle-même ! C'est la condition sine qua non de la construction de votre pays qui sera demain, c'est ma conviction la plus intime, une puissance émergente

.
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