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Rejet des extrêmes Écrit par L. Denis Alexandre Jeudi, 19 Août 2010 00:00
Dans sa belle villa du faubourg chic de Johannesburg, l’ancien Chef de l’Etat Marc Ravalomanana est sans doute amer.
De partout, ses soutiens le lâchent les uns après les autres. Après Andrianatoandro Raharinaivo, hier encore « fidèle parmi les fidèles » et aujourd’hui faiseur de paix avec les autorités transitoires, voilà que la SADC décide de ne plus soutenir les positions extrêmes. Le lobbying de l’exilé a donc lamentablement échoué. La communauté internationale, ne voulant plus jouer avec la vie des 20 millions de Malgaches, a jugé utile de cautionner la recherche de solution malgacho-malgache initiée par les Malgaches eux-mêmes, dans leur pays, au lieu de s’aligner sur la position d’un homme dont l’objectif est de revenir au pouvoir coûte que coûte.
Devenu le principal problème de ce pays, Marc Ravalomanana peut désormais s’attendre à un long exil. Sa présence au sein du processus de réconciliation nationale et de recherche de solution acceptable à la crise n’est plus un impératif. Et cette fois, ce n’est pas un Zaza Ramandimbiarison qui l’a affirmé, mais une organisation régionale à qui la communauté internationale a confié le rôle de médiateur dans la crise malgache.
Certes, l’inclusivité, ainsi que la consensualité, restent deux critères que la communauté internationale juge importants pour qu’elle donne sa caution à tout plan de sortie de crise ; mais cela n’implique pas que les forces politiques qui refusent obstinément d’entrer dans toutes recherches de solution autre que les siennes doivent forcément être associées. Marc Ravalomanana, en jouant aux extrêmes, vient donc de l’apprendre à ses dépends. Il ne peut pas toujours se refugier derrière les accords de Maputo et d’Addis-Abeba pour décliner toute offre de nouvelles solutions pouvant résoudre l’impasse politique. La communauté internationale n’est pas dupe et souvent elle a tendance à rejeter ceux qui, sournoisement, veulent l’instrumentaliser pour des intérêts personnels et partisans.
L’ancien Chef de l’Etat, comme l’ensemble des trois mouvances, du moins ce qui en reste, est désormais isolé. La seule voie qui lui reste pourrait être une adhésion sincère à cette solution malgacho-malgache qui est en train de se construire. Dans le cas contraire, il risque de se marginaliser définitivement et les trois mouvances finiront par imploser, car n’ayant plus aucun soutien ni auprès de l’opinion nationale ni auprès de la communauté internationale.
L. Denis Alexandre