[b]Tentative de putsch à Madagascar[/b]

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• Tentative de putsch à Madagascar



• En fin d'après-midi, de brèves échauffourées ont éclaté près de l'aéroport entre les forces de l'ordre et des manifestants antigouvernementaux, qui tentaient d'ériger des barricades pour prévenir toute intervention de l'armée dans le camp des officiers rebelles. Crédits photo : ALINE RANAIVOSON/AFP
Un colonel a annoncé mercredi s'être emparé, avec d'autres officiers, du pouvoir sur la Grande Ile. Mais cette déclaration semble être restée sans effet et n'a pas perturbé le référendum sur le projet de Constitution, soumis aux Malgaches.


Tentative de putsch à Madagascar


Un énième coup d'Etat menace-t-il Madagascar ? Un colonel a annoncé mercredi s'être emparé, avec d'autres officiers, du pouvoir sur la Grande Ile. Mais cette déclaration semble être restée sans effet dans la capitale de l'île, Antananarivo. Le premier ministre malgache Camille Vital a assuré mercredi soir que la situation était «sous contrôle». «Vous parlez de tentative : tentative n'est pas confirmation. Ils ont tenté de faire un coup d'Etat, jusqu'à présent tout est sous contrôle et cela se passe dans le normal», a-t-il ajouté.
Devant la presse convoquée sur une base militaire, proche de l'aéroport, un colonel de l'armée a annoncé la dissolution des institutions gouvernementales et la mise en place d'un comité chargé de conduire le pays provisoirement. L'Agence France-Presse cite le général Noël Rakotonandrasana, chef des mutins du putsch de 2009, comme héraut de la mutinerie. Les agences Associated Press et Reuters évoquent elles le nom du colonel Charles Andrianasoavina. Ce dernier, lors de son allocution, a promis la libération des prisonniers politiques et a appelé les exilés à revenir «pour travailler ensemble au sauvetage de notre patrie». Aux côtés du colonel se trouvaient une vingtaine d'officiers. Charles Andrianasoavina a été un des acteurs clé du renversement du président Marc Ravalomanana, en 2009 par Andry Rajoelina.
Cette tentative de putsch est restée toute la journée sans effet perceptible dans la capitale, où aucun déploiement militaire ou incident n'a été constaté jusque dans la soirée. En fin d'après-midi, seules de brèves échauffourées ont éclaté près de l'aéroport entre les forces de l'ordre et quelques centaines de manifestants antigouvernementaux, qui tentaient d'ériger des barricades pour prévenir toute intervention de l'armée dans le camp des officiers rebelles, visiblement déserté.
Rajoelina : « Je n'ai pas peur des menaces »
«L'Etat prendra ses responsabilités» face aux mutins, a prévenu l'actuel dirigeant de Madagascar, Andry Rajoelina. L'ancien maire d' Antananarivo s'est dit certain d'avoir le soutien de la population et de la majorité de l'armée. Il assure n'être «pas dérangé par les déclarations d'une poignée de gens». «Ils m'ont menacé de mort si je ne démissionne pas», a-t-il lancé. «Mais je n'ai pas peur des menaces».
Ce coup d'Etat, pour le moment avorté, intervient le jour du référendum constitutionnel, première étape d'un processus de sortie de crise initié en août par Andry Rajoelina et une centaine de partis politiques. Ce processus prévoit des législatives en mars et une présidentielle en mai. Mais les trois mouvances des anciens présidents Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy, aujourd'hui dans l'opposition, refusent ce processus et appellent au boycott de la consultation. D'après les journalistes AFP et AP, les annonces des putschistes n'ont pas perturbé le vote. Peu de Malgaches sont au courant de la rebellion des officiers, retransmise sur une chaîne de télévision indépendante, et seulement partiellement.
Ces derniers temps, l'armée, qui avait soutenu la prise du pouvoir par Rajoelina l'année dernière, a donné des signes d'impatience. Dans son intervention, le colonel Andrianasoavina a déclaré que le pays attendait une résolution de la crise politique depuis des mois. «Les hommes politiques, ceux qui sont en charge de l'économie, mais surtout le peuple, ne savent plus quoi faire. Il n'y a plus de sécurité.» Rajoelina, boycotté par la communauté internationale qui a coupé les vivres à la Grande île, a refusé à son prédécesseur Ravalomanana de rentrer de son exil en Afrique du Sud.