La SADC envoie un petit régiment

SOURCE: http://www.lexpressmada.com/
Feuille de route
La SADC envoie un petit régiment
Le nombre de militaires et de policiers, dépêchés par la SADC, est relativement élevé. Des commentaires risquent de fuser de partout au moment des discussions sur la mise en œuvre de la Feuille de route.
Elle ne passe pas inaperçue et sa présence risque d'influer sur le cours des choses. La délégation militaire envoyée par la Troïka, l'organe de coopération en matière de politique, de défense et de sécurité de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) fait parler d'elle dès son arrivée.

Le général tanzanien Nyembe Mduduzi, responsable de l'organe de défense et de sécurité de la Sadc a débarqué à Ivato, hier en début d'après-midi. Il se trouve à la tête d'une délégation de quinze militaires et policiers. Quatre autres éléments les ont rejoints dans la soirée, en attendant peut-être d'autres frères d'armes qui arriveront avec la délégation ministérielle de la Troïka aujourd'hui. Au total, une vingtaine d'éléments sont attendus dans le cadre de la mission à Antananarivo.

Aucune autorité tant militaire que politique malgache n'a été aperçue à l'aéroport d'Ivato pour accueillir la délégation. Ses membres se sont ensuite engouffrés dans des minibus pour rallier la ville après quelques minutes d'attente à l'aérogare.

Réactions

Interrogé sur les raisons d'un nombre aussi élevé des membres de la délégation, le général Nyembe Mduduzi a préféré tempérer. « Chaque pays membre de la Troïka est représenté dans toutes les structures existantes », a-t-il signalé pour expliquer la présence des militaires et des policiers sud-africains, tanzaniens et zambiens à ses côtés.

L'officier général tanzanien s'est également montré évasif sur les termes exacts de son mandat, bien qu'il l'ait placé dans la droite ligne de la signature de la Feuille de route. « Pour l'instant, je ne peux pas encore me prononcer sur les détails [de son programme] », a-t-il déclaré après avoir indiqué qu'il « fait partie des structures [de la SADC](...) pour discuter avec les parties concernées et faire avancer les discussions ».

La venue de la délégation militaire de la Troïka a été révélée, samedi, à Pretoria. C'était au cours de la réunion entre Marius Fransman, vice-ministre sud-africain des Relations internationales et de la coopération, et d'autres membres de l'organisation avec les représentants des groupes politiques signataires de la Feuille de route.

L'idée de l'arrivée de la délégation militaire de la Troïka ne laisse pas insensible les milieux politique et militaire malgaches. Le nombre des éléments qui la compose risque de provoquer d'autres réactions et des commentaires dans le contexte où l'enjeu de la mise en œuvre de la Feuille de route est déjà énorme.

Interrogé sur cette impressionnante délégation, le général Randrianazary, secrétaire général chargé de la Gendarmerie, a préféré rester prudent. « J'ignore l'objet de sa mission et ce qu'elle va nous dire, mais nous l'écouterons », a-t-il admis, en parlant la rencontre que les hauts responsables de la Grande muette et de la Police auront avec la délégation ce matin. « Nous avons lu la Feuille de route, mais nous n'y trouvons aucun chapitre nous concernant », a-t-il poursuivi.

Les pro-HAT à Addis-Abeba

Les groupes politiques proches de la Transition sont pleins d'enthousiasme. Les membres de la délégation partie en Afrique du Sud confirment leur déplacement à Addis-Abeba, au siège de l'Union africaine, et annoncent leur retour pour aujourd'hui.

« Nous avons été reçus par Jean Ping, président de commission, et par Ramtane Lamamra, commissaire à la Paix et à la sécurité de l'Union africaine, lundi », a déclaré Benjamina Ramanantsoa, coordonnateur général de l'Espace de concertation politique et ministre des Transports, hier au téléphone de Pretoria. Une information que l'Union africaine n'a pas encore confirmée.

Le membre du gouvernement a indiqué qu'il s'agissait d'une rencontre « officielle » qui a permis à la délégation de discuter avec les hauts responsables de l'Union africaine. « Jean Ping a clairement indiqué la nécessité de faire preuve de souplesse dans la gestion du dossier de Madagascar. Il est agréablement surpris par l'évolution de la mise en œuvre de la Feuille de route », a-t-il soutenu, vantant le « mémorandum » de mise en œuvre de la Feuille de route réalisé durant les réunions d'Ambohitsorohitra.

« Les deux autorités panafricaines ont indiqué d'inscrire en priorité à l'ordre du jour de la prochaine session du CPS, l'examen du cas de la Grande île ». Benjamina Ramanantsoa a réfuté toute incohérence dans la démarche des représentants des sept entités politiques qui font partie de la délégation. Tous affirment qu'ils ont rencontré des hauts responsables de l'organisme panafricain après avoir rapporté l'« agréable surprise » ressentie par la Troïka quelques jours plus tôt. « Les deux organisations sont liées par le principe de subsidiarité et nous n'aurions pas pu aller à Addis-Abeba si nous n'avions pas obtenu une note positive en Afrique du Sud », a-t-il déclaré, réfutant l'idée d'une volonté de trouver une porte de sortie autre que celle de la SADC.

Le G7 tente de soigner l'image de ses déplacements et d'asséner un coup au moral des autres entités, avant la réunion avec la Troïka qui débutera aujourd'hui. Ses émissaires rentreront probablement par le même avion que la délégation de l'organe de la SADC. Ils entameront les discussions cruciales pour la mise en œuvre de la Feuille de route et répliqueront à l'annonce faite par la mouvance Ravalomanana et le Monima de Monja Roindefo sur « l'absence de décision à Pretoria ».


Iloniaina Alain
Mercredi 12 octobre 2011