Crise à Madagascar : Le Premier ministre, Omer Beriziky, épingle la SADC

Crise à Madagascar : Le Premier ministre, Omer Beriziky, épingle la SADC

Le Premier ministre rejoint les rangs des détracteurs de la SADC. Il a accusé le bloc économique régional de maladresse dans la conduite de la résolution de sortie de crise.

Un nouveau désaveu contre la Communauté de développement de l''Afrique australe (SADC). Le Premier ministre Omer Beriziky, chef du gouvernement d'union nationale, ne s'embarrasse pas pour pointer du doigt le bloc économique régional dans la gestion du processus de sortie de crise.

« À mon avis, l'entité à qui la communauté internationale accorde sa confiance et un mandat pour résoudre la crise semble hésitante », a déclaré Omer Beriziky, au cours du face-à-face avec les membres du Conseil supérieur de la transition (CST), hier au petit matin, à Anosikely. « Si la crise s'éternise, c'est qu'elle []SADC] semble hésitante », a-t-il insisté.

Le chef du gouvernement n'y va pas avec le dos de la cuillère pour exprimer son « opinion » au cours d'un rendez-vous officiel. « Beaucoup d'occasions ont été manquées pour prendre une décision », regrette celui qui essuie les critiques des parlementaires sur sa gestion de la transition.

Le Premier ministre mesure le chemin à parcourir avant la tenue des présidentielles dont le premier tour est prévu le 8 mai 2013.

Réussir le pari

« Il ne reste plus que sept, voire six mois avant les scrutins alors que toutes les conditions exigées par la Feuille de route ne sont pas encore réunies pour des consultations populaires apaisées et acceptées par tous », soutient-il. « Il ne reste plus que peu de temps pour y arriver », poursuit-il.

Le chef du gouvernement invite les parties concernées à « s'armer de volonté et de courage » pour réussir le pari. Il insiste sur la tenue des scrutins selon le calendrier prévu pour y arriver et lance un appel du pied aux « Raiamandreny » incarnés par le Conseil chrétien des Églises (FFKM) en matière de sortie de crise. « Il vaut mieux qu'elle s'exprime car elle est trop discrète », avance-t-il pour interpréter le communiqué du bloc économique régional du 23 novembre.

Des membres du CST critiquent Omer Beriziky sur sa façon de conduire les affaires nationales et font pression sur lui sur le bouclage des chantiers encore ouverts avant les élections. C'est, entre autres, le cas de la mise en œuvre des mesures d'apaisement, dont le retour des exilés, y compris l'ancien Président Marc Ravalomananana, en exil en Afrique du Sud, tout comme la mise sur pied du Conseil pour la réconciliation nationale (CRN), organe chargé d'instruire les dossiers de l'amnistie sur requête.

Le chemin n'est pas sans embuches pour le chef du gouvernement. Obligé de composer avec Andry Rajoelina, président de la transition, dans une cohabitation forcée, il devrait faire face en même temps à d'autres pressions comme le cas du remaniement. Le fait d'esquiver des questions relatives aux projets présidentiels et à celles touchant des départements détenus par des membres du gouvernement réputés proches d'Ambohitsorohitra en dit long sur les dysfonctionnements de l'Exécutif.

Le Premier ministre rejoint les voix qui commencent à se poser des questions sur la démarche de la SADC ou qui s'impatientent face à la tergiversation de cette dernière. Pierrot Rajaonarivelo, ministre des Affaires étrangères, avait fait part de cette impatience de certains partenaires techniques et financiers lors du lancement du site internet de son parti au début du mois.

Sauf changement, la Troïka, organe de coopération de la SADC, devrait se réunir durant la première semaine du mois de décembre pour se pencher sur le dossier malgache, trois mois après le Sommet de Maputo. Elle devrait trancher sur le retour de l'ancien Président Marc Ravalomanana, avec en filigrane, la question concernant la candidature ou non de ce dernier, ainsi que celle d’Andry Rajoelina, son principal rival.

Iloniaina AlainIloniaina Alain
(Source:http://www.lexpressmada.com/)