Paru dans : http://www.midi-madagasikara.mg/ du 2 aout 2008
Ambassade de France à Tana. Quand bien même le ciel resterait bleu entre Tana et Paris, tout n’est pas pour autant rose selon le Livre blanc remis à Bernard Kouchner.
« Situation hors norme », estime-t-on à Paris
Gildas Le Lidec quittera la Grande Ile le 5 août. D’après la demande adressée par l’ambassade de France au ministère des Affaires Etrangères, il effectuera sa visite d’adieu dans la journée du 4 août ou dans la matinée du 5. Comme nous l’avions écrit hier, la réception du 14 juillet , aura été le pot d’adieu entre l’éphémère locataire de la Résidence de France à Ivandry et le chef de la diplomatie malgache qui est actuellement (hasard du calendrier ?) en mission à l’extérieur. C’est le ministre des Affaires Etrangères par intérim, Harison Randriarimanana qui recevra le « veloma » de Gildas Le Lidec. Cette visite d’adieu ne sera pas, confirme-t-on, assortie d’une cérémonie de décoration de l’Ordre national malgache. Tout comme le corps diplomatique ne prévoit pas, du moins officiellement, un pot d’adieu en l’honneur de l’ambassadeur en partance.Aucun nom
A compter du 6 août, l’ambassade de France à Madagascar sera dirigée par un Chargé d’affaires. En l’occurrence, Mme Marie Claire Girardin qui l’était déjà durant la période comprise entre le départ d’Alain Le Roy et l’arrivée de Gildas Le Lidec. Même si le Secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération et de la Francophonie, Alain Joyandet avait assuré que le poste d’ambassadeur de France à Tana sera pourvu prochainement, jusqu’ici, le Quai d’Orsay n’a soumis aucun nom pour agrément auprès du ministère malgache des Affaires Etrangères. En tout cas, ce ne sont pas les ressources humaines qui manquent puisque plus d’une centaine d’ambassadeurs – la plupart en fin de carrière - sont actuellement sans poste du côté de la rive gauche de la Seine dans le VIIème arrondissement où se trouve le ministère des Affaires Etrangères. Paris a sans doute l’embarras du choix compte tenu de la pléthore de ministres plénipotentiaires en attente de poste ou plutôt un choix limité après le précédent Le Lidec dont la présence à Abidjan et à Kinshasa durant la crise dans ces deux pays, ne plaidait pas en sa faveur. Au 37, Quai d’Orsay, d’aucuns pensent qu’il faut envoyer à Madagascar, un ambassadeur qui n’a jamais été au cœur d’une crise dans le monde.« Zones de crise »
En tout cas, pour Bernard Kouchner (dans une interview dans le Figaro), « être diplomate, c’est un métier, un vrai métier, un beau métier, un dur métier aussi. C’est vouloir servir son pays. C’est agir et négocier pour promouvoir nos intérêts économiques, notre culture et notre langue pour contribuer au développement des pays pauvres et pour protéger l’environnement. C’est aussi être à Bagdad, à Bogota, à Islamabad, à Kaboul, à Khartoum, à Ndjamena ; dans toutes les zones de crise où les intérêts de notre pays et la sécurité de nos compatriotes sont en jeu. C’est aussi prendre des risques physiques pour soi-même et parfois pour les siens ».Rationalisation
Outre le choix du successeur de Gildas Le Lidec, la chancellerie française à Tana risque aussi de faire les frais – au propre comme au figuré – du Livre blanc sur les Affaires Etrangères qui préconise une hiérarchisation des postes diplomatiques en fonction de l’importance du pays et de la région où ils sont implantés. Remis à Bernard Kouchner le 4 juillet dernier, avant même la « rupture » du 14 juillet, ce Livre blanc souligne qu’un « effort de rationalisation » devra être mené concernant une vingtaine de grosses ambassades dont les budgets excèdent 5 millions d’euros par an. Aux yeux des membres de la commission présidée par Alain Juppé et Louis Schweitzer, certains de ces postes comme Rabat ou Tananarive par exemple, sont surdotés et font apparaître des « situations hors norme qui doivent être corrigées ». En somme, c’est le cas de le dire, l’ambassade de France à Tana – et l’ambassadeur avec - risque de devenir de moyenne ou de petite importance.
Recueillis par R. O