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MADAGASCAR -
Source : http://www.rfi.fr/
Article publié le : jeudi 20 mai 2010
Un mort et plusieurs blessés dans une fusillade à Madagascar
Une fusillade a éclaté ce jeudi 20 mai 2010 au matin a Antananarivo, la capitale de Madagascar. Tout a commencé lorsque des éléments des forces loyales au président Andry Rajoelina se sont approchés d'une caserne de gendarmerie. C'est alors que les gendarmes - qui avaient entamés hier soir un mouvement de protestation contre leur hiérarchie, érigeant notamment des barricades - se sont postés autour de la caserne craignant une attaque des forces loyalistes.
La situation s’est un petit peu calmée cet après-midi même si plusieurs camions militaires sont toujours en position à proximité du camp de gendarmerie et que des tirs sporadiques retentissent régulièrement. Selon le bilan du colonel qui dirige les opérations, la fusillade de ce matin a fait cinq blessés graves, par balle, et un mort.
Ce mort provient des rangs de la FIS, la Force d’intervention spéciale, une unité créée par le régime de transition, très proche de la présidence et qui était en première ligne lors des affrontements.
Pour le moment les forces de l’ordre sont en position d’attente guettant le résultat des négociations qui ont lieu par téléphone. Le Premier ministre et le chef d’état-major seraient en train de parlementer avec les gendarmes retranchés dans leur camp et dans la colline alentour, ce qui rend très difficile l’accès à ce camp.
On ne sait pas exactement sur quelles bases se font ces discussions, on ne sait pas non plus si des civils sont avec les militaires, puisque la journée du jeudi 20 mai avait démarré avec une tentative d’organiser un culte religieux interdit par les autorités.
En tout cas, ces affrontements ont évidemment une connotation politique, car le mouvement des ecclésiastiques qui voulaient organiser ce culte, ainsi que les gendarmes, ne cachent pas leur opposition au régime de Andry Rajoelina.
Depuis la chute de Marc Ravalomanana l’armée malgache n’en finit pas de se diviser. Les fractures sont multiples, elles apparaissent régulièrement à la faveur de revendications corporatistes. Mais elles traduisent souvent une défiance vis-à-vis de la hiérarchie voire tout simplement du régime. Les gendarmes qui ont franchi le pas aujourd’hui ont commencé à manifester leur colère voilà plus de deux mois. Il s’agissait alors de contester l’accaparement d’une prime par le chef de la gendarmerie. Progressivement l’affaire s’est politisée. Lorsque Andry Rajoelina a demandé aux militaires d’être dans l’ossature d’un nouveau gouvernement. Aucun accord n’a été possible au sein même de l’armée. Plusieurs régiments ont clairement laissé entendre que l’armée ne devait pas sauver la mise du régime alors que certains étaient prêts à le faire. Résultat, l’armée s’est abstenue sans que rien ne soit réglé. De nombreux observateurs estiment maintenant que l’armée ne pourra pas faire l’économie d’une prise de pouvoir. Certains l’appellent même de leurs vœux. Mais ils posent une question lancinante : qui est capable de ressouder un minimum cette armée et d’éviter le pire, c'est-à-dire l’affrontement direct entre ses tendances miliaires ?
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